Jonathan Swift, Gulliver’s Travels
Emmanuelle Peraldo
France met. & monde : 3€ jusqu'à 25€, 6€ jusqu'à 50€, 9€ jusqu'à 100€, 12€ au-delà 100€ DOM-TOM : 8€
LA référence pour l’agrégation d’Anglais
Fiche technique
- Référence
- 460695
- ISBN
- 9782350306957
- Hauteur :
- 17,8 cm
- Largeur :
- 12 cm
- Nombre de pages :
- 192
- Reliure :
- broché
INTRODUCTION ...........................................15
REPÈRES
L’ÉPOQUE ET L’AUTEUR .....................................21
BIOGRAPHIE DE JONATHAN SWIFT ............................21
CONTEXTE HISTORIQUE .....................................23
Swift et l’Irlande .......................................23
Swift, les Whigs et les Tories .............................24
CONTEXTE LITTÉRAIRE .....................................27
L’AUTEUR ET L’ŒUVRE ......................................29
GULLIVER’S TRAVELS DANS LA CARRIÈRE DE SWIFT ................29
GENÈSE DE L’ŒUVRE.INFLUENCES REÇUES OU RENIÉES ............32
L’influence des historiens anciens et modernes sur Swift . . . . . . . . 32
Le Scriblerus Club ......................................33
Swift et Defoe .........................................33
Les sources françaises de Gulliver’s Travels . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
L’ŒUVRE : GULLIVER’S TRAVELS (1726) ........................37
STRUCTURE .............................................37
Un paratexte déstabilisant ................................37
Un protocole d’arrivée similaire dans les quatre voyages . . . . . . . . 39
Fragmentation en quatre livres ............................42
• Première partie : Voyage à Lilliput, 4 mai 1699 – 13 avril 1702 . . . . . . . 42
• Deuxième partie : Voyage à Brobdingnag, 20 juin 1702 – 3 juin 1706 . . 44
• Troisième partie : Voyage à Laputa, Balnibarbi, Luggnagg, Glubbdubdrib et au Japon, 5 août 1706 – 16 avril 1710 ..............45
• Quatrième partie : Voyage au pays des Houyhnhnms, 7 septembre 1710 – 5 décembre 1715 ............................46
STATUT GÉNÉRIQUE DU TEXTE ...............................48
Récit de voyage ........................................49
• Gulliver , voyageur malgré lui? ................................49
• Parodie du récit de voyage? ..................................50
• Parodie de Robinson Crusoe ..................................52
Satire ................................................54
Utopie/dystopie .......................................54
...ou rien de tout cela : la plasticité générique du texte .........61
THÈMES
PERCEPTION ET PROPORTION .................................65
UNE NARRATION EMPIRIQUE .................................65
OBSERVATION SCIENTIFIQUE .................................67
RELATIVITÉ .............................................69
DES ANIMAUX ET DES HOMMES ................................71
GULLIVER ANIMALISÉ ......................................71
L’HOMME DÉSHUMANISÉ ET LES CHEVAUX HUMANISÉS :
UN MONDE DÉCENTRÉ ......................................74
Réification de l’homme ..................................74
Humanisation des chevaux ...............................76
RAISON,FOLIE ET POLITIQUE ................................79
Rationalisme et politique .................................79
Raison et folie .........................................80
LE CORPS ................................................83
GULLIVER SOUMIS À LA DÉFORMATION ET AUX FONCTIONNALITÉS DE SON CORPS .......................83
Les corps déformés .....................................83
Asservissement de l’homme aux fonctionnements et dysfonctionnements de son corps . . . . . . . 84
DÉGOÛT VISCÉRAL INSPIRÉ PAR LE CORPS .......................86
Un récit scatologique ...................................86
Dégoût pour le corps féminin .............................87
Le corps humain donné en spectacle ........................89
DU REJET DU CORPS À LA CONDAMNATION DE L’ÊTRE HUMAIN :
MISOGYNIE ET MISANTHROPIE ................................91
LANGUES,LANGAGE ET (NON-)COMMUNICATION ..................95
LANGUES ET LANGAGE .....................................95
LOST IN TRANSLATION : COMMUNICATION ET INCOMPRÉHENSION . . . . . . . 97
PAROLE ET MENSONGE ....................................100
Langage et manipulation ................................100
Gulliver’s Travels : “The Book which is not” . . . . . . . . . . . . . . . . 102
LE RÉCIT CENSURÉ OU AUTO-CENSURÉ ........................105
LE RÉCIT INDICIBLE ......................................107
HISTOIRE,SATIRE ET PARODIE ...............................109
LA PRATIQUE SATIRIQUE SWIFTIENNE .........................109
“To vex the World rather than divert it” ....................110
Jeu, parodie et ironie ...................................111
Multiplication des cible(s) et interprétation .................114
SYNTHÈSE ET PERSPECTIVES
LIEUX RÉELS ET LIEUX IMAGINAIRES :
LA GÉOGRAPHIE PARADOXALE DE GULLIVER’S TRAVELS . . . . . . . . . . . 139
UN RÉCIT DE VOYAGE IMAGINAIRE SUR FOND RÉFÉRENTIEL . . . . . . . . 141
La carte insérée et le réalisme formel ......................141
La carte falsifiée et le jeu entre lieux réels et lieux imaginaires . 143
LE DIALOGUE ENTRE LIEUX RÉELS ET LIEUX IMAGINAIRES . . . . . . . . . 146
GULLIVER’S TRAVELS, OU UNE MANIÈRE DE NE PAS VOYAGER . . . . . . . . 150
RELECTURE DE L’HUMAIN ET DE L’ANIMAL
DANS UNE PERSPECTIVE ÉCOCRITIQUE ET POSTHUMANISTE . . . . . . . . . 155
GULLIVER, PORTE-PAROLE DES ANIMAUX MALTRAITÉS ET EXPLOITÉS . . 157
Donner une voix aux animaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Gulliver et les philosophes contre la cruauté envers les animaux . . 160
LA LENTE ÉPIPHANIE DE GULLIVER ..........................161
L’évolution de son point de vue sur la relation entre les hommes et les animaux ..............161
Vers une apologie du végétarisme ? .......................165
“QU’EST-CE QUE L’HOMME DANS LA NATURE ?” [PASCAL, 1669] . . . . 167
GULLIVER’S TRAVELS,OU LA FIN DE L’HUMANISME ? ..............169
OUTILS
AUTRES THÈMES EXPLOITABLES – PISTES DE RÉFLEXION . . . . . . . . . . 173
CHRONOLOGIE DES VOYAGES DE GULLIVER .....................175
BIBLIOGRAPHIE ..........................................177
GLOSSAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Emmanuelle Peraldo est professeure de Littérature britannique du XVIIIe siècle à l'université Côte-d'Azur et membre du CTEL (UPR 6307). Spécialiste de Defoe et de ses contemporains, elle s'intéresse en particulier à l'écriture de l'histoire et de l'espace, à la géographie et à l'environnement.
Du fait de l’isolement et de la solitude propice à la réflexion qu’elle apporte, l’île est un topos récurrent des utopies et dystopies. Le terme “utopie” revêt deux sens différents : il peut désigner un lieu idéal (eu-topos), ou un lieu qui n’existe pas (ou-topos). Le second sens correspond d’emblée aux quatre îles, clairement imaginaires, visitées par Gulliver.
Par définition en dehors de l’espace et du temps, l’île est le lieu privilégié de l’utopie (Thomas MORE, Utopia [1516] ; Francis BACON, New Atlantis [1626]), et, comme il s’agit d’un espace délimité, elle peut facilement être représentée sur une carte, ce qui est le cas dans les utopies de Bacon, de More et dans les quatre voyages de Gulliver. Dans la mesure où l’une des significations de l’utopie est que c’est un lieu qui n’existe pas, l’auteur doit lui donner une existence et la carte a une dimension performative, dans le sens où elle crée l’espace et lance l’action du récit utopique. C’est sans doute pour cette raison qu’une carte précède chacun des voyages de Gulliver, comme autant de portes d’entrée dans l’utopie (ou la dystopie) [CALBÉRAC et PERALDO, 2020]. La dystopie est une utopie inversée, une utopie qui vire au cauchemar, une anti-utopie ou une contre-utopie en quelque sorte.
La structure de Gulliver’s Travels pourrait être perçue comme un glissement progressif de l’utopie vers la dystopie, ou comme un va-et-vient dialectique entre utopie et dystopie, à la fois à l’intérieur de chaque voyage et entre le début et la fin de cette œuvre qui transforme le narrateur bienveillant du début du récit en véritable misanthrope, à la fin du quatrième livre.
Dans le premier voyage, Lilliput est d’abord présentée comme une société idéale, à la moralité et à la vertu remarquables, ce qui suscite un sentiment de honte chez Gulliver lorsqu’il compare Lilliput à son propre pays : “I confess, I was heartily ashamed” [GT I, 6, 52]. Cependant, au fur et à mesure, on se rend compte que Lilliput n’est qu’un double de l’ Angleterre et n’ est pas aussi parfaite que l’ Empereur voulait le montrer : la mise en accusation de Gulliver pour haute trahison, alors qu’il est parvenu à sauver le palais de l’Empereur des flammes (certes en urinant dessus) et qu’il a fait preuve de clémence en refusant d’asservir le peuple de Blefuscu qu’il avait vaincu, montre un décalage entre les principes et les actions de ce peuple. Gulliver est condamné à mort après un complot fomenté entre le Grand Amiral et des ministres, sentence quelque peu allégée par l’Empereur qui demande “seulement” qu’on lui arrache les yeux : difficile d’y percevoir la moralité et la vertu dont l’Empereur se vantait tant. La description que Gulliver fait du palais de Lilliput met d’ailleurs en contraste la petite taille de l’Empereur et de son palais avec la fierté de ce dernier, lorsqu’il le fait visiter à Gulliver :
the Buildings of the outer Court were at least five Foot high; and it was impossible for me to stride over them, without infinite Damage to the Pile, although the Walls were strongly built of hewn Stone, and four Inches thick. At the same time, the Emperor had a great Desire that I should see the Magnificence of his Palace; [...] [GT I, 4, 41].