Pour en finir avec la culture
Par Jean-Luc Jeener
France met. & monde : 3€ jusqu'à 25€, 6€ jusqu'à 50€, 9€ jusqu'à 100€, 12€ au-delà 100€ DOM-TOM : 8€
Le pamphlétaire bien connu, chroniqueur au Figaro et à Valeurs actuelles, Jean-Luc Jeener s'insurge contre la disparition de nos références culturelles et, plus encore, contre le glissement progressif vers une délégitimisation de la culture, soi-disant marque de privilège mais en fait seule réelle garantie d'émancipation.
Fiche technique
- Référence
- 460782
- ISBN
- 9782350307824
- Hauteur :
- 17,8 cm
- Largeur :
- 12 cm
- Nombre de pages :
- 176
- Reliure :
- broché
EN MATIÈRE D’INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
QU’EST-CE QUE LA CULTURE ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21
LE MINISTÈRE DE LA CULTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27
LA CULTURE FRANÇAISE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31
DÉFENDRE SA CULTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37
UNE CULTURE INTERNATIONALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57
LA CULTURE DE LA VÉRITÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63
LA CULTURE CONTRE L’ARGENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71
LES CLASSIQUES ET LA CULTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77
LA CULTURE, C’EST COMME LA CONFITURE… . . . . . . . . . . . . . .83
TOUT EST CULTURE ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91
LA CULTURE MUSÉE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .97
LA CULTURE POPULAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .107
LA CULTURE COMME UNE ARME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .111
LA CULTURE CONTRE LA CULTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .119
LA CULTURE, C’EST CE QUI RESTE… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .127
LE CULTE DE LA CULTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133
LA CONTRE-CULTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .139
EN MANIÈRE DE CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .147
NOTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157
DU MÊME AUTEUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .167
Lui-même acteur et metteur en scène, Jean-Luc Jeener dirige le Théâtre du Nord-Ouest à Paris ainsi que la compagnie de l’Élan. Il est également critique de théâtre au Figaro Magazine et à Valeurs actuelles. Auteur d’une quinzaine d’essais, il est l’un des penseurs chrétiens contemporains les plus en vue.
Emmanuel Macron, le président de la République qui a dû porter sur ses épaules la crise du coronavirus, est lui aussi français. L’homme est sympathique, intelligent, sans doute généreux et, contrairement à la réputation que ses ennemis lui font, il veut évidemment le bien de son pays et de ses compatriotes. On peut même comprendre que, poussé par des médecins alarmistes (et même anxiogènes) et une population affolée, il ait pu prendre des décisions liberticides pendant cette crise inédite. L’exercice du pouvoir – tous les présidents en font l’expérience – même dans un pays comme la France que la constitution de la Ve République protège encore (et qu’on ne cesse de rogner), ne se fait pas seul. Mais – on l’a vu par son mot malheureux –, il n’est pas sûr que soit ancrée en lui – comme chez François Mitterrand, par exemple – l’idée que la culture est essentielle au pays, et particulièrement la culture française. Cela tient sans doute à sa formation de banquier et, surtout, à sa culture anglo-saxonne personnelle. Sans le vouloir, bien sûr, il se conduit comme un collaborateur.
Le mot est fort, évidemment, mais n’empêche que sa très bonne connaissance de l’anglais qui le rend parfaitement bilingue (ça doit lui arriver de rêver en anglais !), son intelligence pratique, son pragmatisme devant l’hégémonie linguistique d’Albion, ce qu’il considère sans doute comme le sens de l’Histoire, ne l’ancre pas, comme de Gaulle, dans la culture française. Pour lui les enjeux ne sont pas là. Il va s’occuper de la santé, de l’économie, de la richesse de l’Hexagone avec, quoiqu’en disent ses ennemis, du talent, mais laisser l’identité de notre pays se déliter, sa culture se dégrader. Et il ne comprend pas que derrière ce qu’il appelle le populisme, c’est subtilement ce reproche qui se cache.
Pour l’enseignement, par exemple (18), dont on a vu par cette crise qu’il lui tenait particulièrement à cœur, il a continué, et même d’une certaine façon – et toujours au nom du pragmatisme – accentué dans notre pays cette politique du tout anglais dans l’apprentissage des langues. Pour lui, c’est un acquis, l’élève qui ne parlera pas anglais sera handicapé dans sa vie professionnelle. Et il est scandaleux de l’en priver. C’est – même s’il s’en défendrait – la philosophie du Il faut être réaliste, la France est un petit pays ! Le français une future langue morte !
Bref, on enferme les gens mais on les oblige pratiquement à apprendre l’anglais ! Sans se soucier, évidemment, des conséquences à long terme : l’affaissement de notre langue dans le monde, sa déconsidération dans les pays francophones, l’exemple donné aux autres pays européens de culture comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Pologne, la Roumanie, la Serbie, la Russie, qui n’ont plus aucune raison d’apprendre le français ; mais aussi l’idéologie subtile que tout idiome dominant comme l’anglais véhicule et qui s’insinue dans nos façons de penser, de parler, d’écrire ; la détérioration constante de notre langue à force d’ajouts et de remplacements ; l’absence de traductions de plus en plus fréquentes de l’anglais au français à la télévision, au cinéma ; idem pour les ordinateurs, les jeux d’orgues, le matériel qui n’est plus produit en France, etc. La loi Toubon qui restreignait l’usage de ce globish international est constamment bafouée et notamment par tout ce qui est publicité (19). La France perd sa langue, c’est-à-dire ce qui fait le fondement de sa culture, mais, là, bien sûr, ce n’est pas grave et on ne menace personne d’une amende de 135 €.
Pierre de Boishue, Le Figaro Magazine, vendredi 25 et samedi 26 février 2022
Culturellement incorrect
Un homme en colère
"La colère est parfois bonne conseillère. Jean-Luc Jeener en offre une excellente démonstration dans Pour en finir avec la culture. Un essai dans lequel ce pilier de la critique théâtrale au "Fig Mag" pendant trois décennies, réputé pour sa plume sévère mais juste, s'en donne à cœur joie pour déplorer le déclin actuel du rayonnement français. Pas "essentielles", les activités consistant à nourrir nos âmes ? Le directeur du Théâtre du Nord-Ouest, contraint de baisser le rideau de son établissement pendant une partie de la période de pandémie, use volontiers d'un ton fataliste dès les premières pages. "Le coronavirus, comme tous les événements violents de notre Histoire, a agi comme un révélateur, écrit le pamphlétaire. Il a bien cimenté la hiérarchie des urgences d'aujourd'hui, et donc remis, comme il se doit, la culture en bas de l'échelle."
Et l'auteur de dérouler en chapitres incisifs et argumentés le fil des mauvaises nouvelles : la disparition progressive des librairies, le rejet des textes ambitieux dans les salles, l'appauvrissement des programmes dans les manuels scolaires, le formatage constant observé dans les universités, l'omniprésence de la langue anglaise dans notre quotidien, les références basiques recensées dans les rendez-vous télévisuels, l'influence néfaste des Gafa, le pouvoir de l'argent... Jean-Luc Jeener, qui multiplie les exemples professionnels ou personnels au fil de cette balade dans les coulisses d'un univers menacé mais toujours debout, vise juste. Car, en plus d'un réquisitoire contre les dangers de la société contemporaine, il livre un véritable guide de survie du secteur. Un ouvrage érudit, traversé de notes d'humour et d'espoir appréciables, que les prétendants à l'Elysée seraient bien inspirés de découvrir durant ces dernières semaines de campagne électorale. Campagne où le mot "culture" brille hélas par son absence..."