Les mots HEC 2022
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Aimer

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TTC

Dictionnaire raisonné de culture générale

par Matthias Bartoli, Jean-François Castille, Charlotte Paiola, Fabien Robertson et Florian Villain.

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Traitant du sujet de culture générale des classes préparatoires commerciales pour la session 2021-2022, cet ouvrage est un outil particulièrement efficace et intelligent dans une collection plébiscitée par les élèves et leurs professeurs. Il est présenté de façon alphabétique. Le volume, qui comprend de nombreux repères chronologiques et citations utiles, est servi par un système de renvois pratique.

Fiche technique

Référence
460719
ISBN
9782350307190
Hauteur :
21 cm
Largeur :
15 cm
Nombre de pages :
204
Reliure :
broché

INTRODUCTION :LE VERBE “AIMER”

ADULTÈRE
AGAPÈ
ALAIN (1868-1951)
AMANT
AMITIÉ
AMOUR COURTOIS/FINAMOR
AMOUR FOU
AMOURS IMPOSSIBLES
AMOUR-PROPRE
AMOURS SUR INTERNET
APATHIE
ARGENT
ATTACHEMENT
ATTENDRE
AUTRUI
AVENTURE
BADINAGE
BAISER (LE)
BARTHES (1915-1980)
BEAUTÉ
BOVARYSME
BRETON (1896-1966)
CHANSON / MUSIQUE / OPÉRA
CHARITÉ                                      
CHRISTIANISME                                   
CŒUR (LE)                                      
CONQUÊTE                                       
CONSENTEMENT                                    
COUP DE FOUDRE                                    
CRISTALLISATION                                  
DÉPENDANCE                                       
DESCARTES (1596-1650)                                 
DÉSIRER  
DÉSIR MIMÉTIQUE
DEVOIR  
DÉVOTION  
DONNER  
ÉLÉGIE  
ÉMOUVOIR    
ENFANTS      
ENNUI      
ÉPICURISME  
ÉROS      
ÉROTISME  
ESTIMER      
FAMILLE      
FÉMININ/MASCULIN
FRANCHISE  
FRATERNITÉ    
FREUD (1788-1860)
FUSION      
GALANTERIE (LA)
HAÏR      
IMAGINER  
IMITER                                      
INCESTE         
INCONSTANCE          
JALOUSIE         
KIERKEGAARD (1813-1855)
LÉVINAS (1906-1995)    
LIAISON    
LIBERTÉ    
LIBERTINAGE
LIBIDO  
LYRISME  
MARIAGE
MARIVAUDAGE
MONTAIGNE
MORT  
MUSE  
NIETZSCHE (1844-1900)  
NOSTALGIE      
NOUVELLE CARTE DE TENDRE    
OVIDE (43 AV J.C. - 18 AP J.C.)
PÉTRARQUISME         
PHILIA
PLAISIR                                      
PLATON                                      
POLITIQUE                                     
PROMETTRE                                     
PUDEUR                                        
RENCONTRE AMOUREUSE (LA)
ROMAN/ROMANESQUE/ROMANTIQUE
SARTRE (1905-1980)  
SCHOPENHAUER (1788-1860)
SÉDUCTION (LA)      
SEXUALITÉ      
SOCIOLOGIE        
SOUFFRIR           
SPINOZA (1632-1677)  
VÉRITÉ         
VIOLENCE         

MÉTHODOLOGIE
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

Matthias Bartoli est professeur de philosophie en lycée général et technologique.

Jean-François Castille est agrégé de lettres et maître de conférences à l’université de Caen.

Charlotte Paiola est professeur agrégée de Lettres modernes. Elle enseigne au lycée et à l’université de Caen. Ses travaux portent sur la phénoménologie et la poésie du XXe siècle.

Fabien Robertson est professeur agrégé de philosophie en classes préparatoires commerciales au lycée Jeanne d’Arc de Caen.

Avec la collaboration de Florian Villain, professeur de philosophie.

Plaisir

Au premier abord, on pourrait avoir tendance à distinguer amour et plaisir. En effet, si l’amour semble durer, être constant, le plaisir paraît au contraire éphémère. Si l’on en croit la thèse de Calliclès dans le Gorgias de Platon, le plaisir est la sensation que l’ on éprouve lorsqu’ une douleur cesse. Si, par exemple, j’éprouve du plaisir à retrouver l’être aimé, c’est parce qu’auparavant j’ai souffert de son absence. Si je n’avais pas été séparé de ce dernier, sa présence serait conçue comme habituelle, ordinaire. Je ne lui accorderais pas une importance particulière. Mais, si tel est le cas, si le plaisir est simplement la cessation de la douleur, ceci signifie qu’il ne durera pas. Une fois que la sensation de douleur sera apaisée, le plaisir s’atténuera peu à peu. Si nous reprenons l’exemple précédent, nous pouvons dire qu’une fois le plaisir des retrouvailles passé, le quotidien reprend petit à petit ses droits. C’est pourquoi Calliclès compare la vie de plaisirs à la vie d’un homme qui posséderait des tonneaux percés qu’il lui faut sans cesse remplir. En d’autres termes, vivre de plaisir c’est sans cesse passer de la douleur à la cessation de la douleur. Cette vie est finalement celle de Don Juan, celle du séducteur qui sans cesse passe de la peur d’être rejeté au plaisir de parvenir à ses fins.

Mais, si le plaisir est tel, il semble difficile de l’assimiler à l’amour. Ce dernier semble être, au contraire, caractérisé par sa constance. À l’inverse du plaisir, l’amour survit au quotidien. En ce sens, aimer c’est éprouver un sentiment stable, qui ne varie pas, qui demeure le même. En d’autres termes, si l’amour ne possède pas l’intensité apportée par le plaisir, il a pour lui la durée que celui-ci n’a pas. Loin de la conception de Calliclès, on se rapprocherait ici de celle de Socrate qui toujours dans Gorgias compare la vie heureuse à celle d’un homme possédant des tonneaux remplis de tout ce que l’on peut désirer et qui s’en satisferait. Un tel homme ne connaît pas de grands plaisirs. Par contre, ce qu’il a est destiné à durer. Nous retrouvons ici l’idée que se fait certainement Charles Bovary de l’amour dans Madame Bovary de Flaubert (1857). Contrairement à son épouse, Charles Bovary n’aspire qu’à vivre paisiblement. L’amour doit être, pour lui, un long fleuve tranquille bien loin des plaisirs intenses et éphémères. Pour résumer cette distinction entre plaisir et amour, on pourrait détourner la dernière phrase du film Le plaisir de Max Ophüls (1951) en affirmant que si le plaisir est facile, l’amour n’est décidément pas gai. L’amour ne saurait l’être étant donné qu’il n’est que constance et quotidienneté.