

Par Jean-François Perrin, Frédéric Calas et Agnès Steuckardt.
France met. & monde : 3€ jusqu'à 25€, 6€ jusqu'à 50€, 9€ jusqu'à 100€, 12€ au-delà 100€ DOM-TOM : 8€
Traitant de l’œuvre du siècle des Lumières au programme des agrégations externes et internes de Lettres classiques et de Lettres modernes, l’ouvrage propose tous les éléments nécessaires à la réussite du candidat.
Comme tous les Clefs-concours de Lettres modernes, l’ouvrage est structuré en quatre parties :
-Repères : le contexte historique et littéraire;
-Problématiques : comprendre les enjeux de l'œuvre;
-Le travail du texte : questions de langue, de stylistique et de grammaire;
-Outils : pour retrouver rapidement une définition ou une référence.
Fiche technique
Jean-Francois Perrin est professeur honoraire à l’université Grenoble- Alpes. Sur l’œuvre et la pensée de Rousseau, il a publié Politique du renonçant: le dernier Rousseau, Rousseau: Le chemin de ronde, Le chant de l’origine (à propos des Confessions), et édité le manuscrit “Condillac” de Rousseau Juge de Jean-Jacques. Il a par ailleurs publié Poétique romanesque de la mémoire (2 tomes – XVIIe-XIXe siècles) et L’Orientale allégorie: le conte oriental au XVIIIe siècle en France. Il a rédigé la partie littéraire de la présente étude sur La nouvelle Héloïse.
Frédéric Calas est professeur de langue française à l’université Paul-Valéry de Montpellier, spécialiste de langue française et stylistique des XVIIe et XVIIIe siècles. Il a publié en 2020 Cinq études sur Rousseau, avec Anne-Marie Garagnon. Il a rédigé, avec Agnès Steuckardt, la partie “Travail du texte”.
Agnès Steuckardt est professeure de linguistique française à l’université Paul-Valéry de Montpellier. Elle a rédigé, avec Frédéric Calas, la partie “Travail du texte”.
"Rousseau a hésité sur la façon d’introduire cette lettre : son brouillon la donne ainsi comme “une longue récréation sur un sujet frivole” succédant à “une longue lettre sur un sujet important”, puis comme “une longue lettre sur un fort petit sujet”, ce que Saint-Preux justifie par une formule que retrouveront les Confessions: “pour vous instruire exactement de l’état de mon cœur, il faut bien que je vous entretienne de tout ce qui sert à le modifier” (OC. II, p. 1607). Le préambule qu’il lui a finalement donné relie l’Élysée à l’économie domestique de Clarens, comme alternative ou équilibre d’un loisir récréatif à l’ordre du travail. Pour autant, l’incipit initial indiquait une piste concernant ce que cette visite révèle de l’état d’esprit de chacun des éléments du trio, dont l’examen s’avère fructueux.
Comme souvent chez Rousseau, sinon presque toujours, l’essentiel se joue dans l’après-coup, pour le meilleur et pour le pire : il est rare que les effets des situations où il plonge ses personnages s’avèrent immédiatement: il y faut du différé; mais parfois, comme en cette lettre XI, se forme une sorte de précipité où se condensent les principaux enjeux du roman. Le traité expérimental des passions de l’âme en situation qu’il est aussi, apparaît d’ailleurs dans la rêverie heureuse qui s’ensuit, où Rousseau médite avec le héros sur un thème que développeront certaines des promenades des Rêveries : celui du bonheur des bons senti- ments ressentis même par illusion, pour autant que le sujet n’ait pas tout à fait perdu mémoire de sa bonté innée, cette “méditation des pensées honnêtes [offrant] une sorte de bien-être que les méchants n’ont jamais connu” (580). Cependant cette méditation n’est pas encore la conclusion. M. de Wolmar vient en effet tirer le héros de son rêve pour le convier à ce que nous appellerions le petit déjeuner, au cours duquel Julie prononce le développement qu’on a lu plus haut sur la transparence des sentiments en cette occasion privilégiée où n’entrent dans sa chambre ni survenants, ni étrangers, et où l’on est censé dire “tout ce qu’on pense”, et révéler “tous ses secrets” (581). Ce qui n’empêche qu’elle soit sur le champ démentie en silence par le héros, qui évite de justesse de prononcer un mot d’esprit à sa louange qui pourrait paraître équivoque. Éternelle illusion de Julie..."