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Le Roman d'un livre

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par Carole Wrona

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Paris, 1835. Deux jeunes hommes ne se quittent plus. L’un est grand, fier, persifleur, il s’appelle Jules Barbey d’Aurevilly et n’a encore que peu écrit. L’autre est malade, timide, poète; il va bientôt mourir et s’appelle Maurice de Guérin. Ce dernier a une sœur, Eugénie, qui elle aussi se pique d’écrire alors qu’elle est femme. Quand Maurice disparaît, Jules lui promet de prendre soin de cette sœur tant aimée mais il n’en fera rien.

Vingt ans plus tard, Jules Barbey d’Aurevilly, devenu un écrivain reconnu, est pris de remords. Il décide de retrouver les Guérin et de s’occuper des écrits d’Eugénie récemment disparue elle aussi. Cette publication, Reliquæ, qui va rencontrer un succès inattendu en France et à l’étranger, est vécue comme un chemin de croix par le romancier.

Entre frustration, orgueil et trahison, cette biographie romancée conte l’histoire d’une publication exceptionnelle, ou comment un écrivain à la réputation sulfureuse, misogyne notoire, va trahir se faire violence pour qu’un tel livre existe. Ce récit plonge également dans le quotidien d’une femme, Eugénie de Guérin, dont le désir d’être écrivain fut empêché par son obéissance aveugle aux préjugés machistes et religieux de son temps.

Restent des lettres et un journal réunis par Barbey, remarquables comme le disaient Rainer Maria Rilke ou Francis Jammes, mais terribles témoignages pour nous, aujourd’hui, d’une vie de femme, une vie passée à attendre.

Fiche technique

Référence
470026
ISBN
9782383500261
Hauteur :
21 cm
Largeur :
15 cm
Nombre de pages :
210
Reliure :
broché

Carole Wrona est auteur, scénariste, réalisatrice et docteur en cinéma-audiovisuel et esthétique de l’image. Elle a dépeint dans ses ouvrages ou à l’écran plusieurs personnalités féminines marquantes comme Corinne Luchaire, Catherine Sauvage ou Emilienne d’Alençon.

Elle a déjà publié chez Atlande Fleurette, première femme flic.

Il pleuvait.

"Il a tant plu/Qu’on ne sait plus Dans quel mois il a le plus plu. C’est superflu ;/Mais, au surplus, S’il eût moins plu,/Ça m’eût plus plu.”

... Comme le dit si bien la chanson ou plutôt, comme le chantait si bien la gouailleuse qui, mains sur les hanches, gueulait sa pluie dans un coin du Palais-Royal tandis que les passants filaient sans se retourner. Les mots appuyés par la pierreuse, le “plus plu” qu’elle exagérait à dessein, étaient recouverts par le bruit des berlines et des tilburys qui encombraient les rues alentour. Peut-être que dans cette foule teintée de printemps, un jeune homme à la taille joliment élancée pressait le pas, un cahier noir sous le bras. Il n’est pas interdit d’y croire et Jules Barbey d’Aurevilly, lui, y croyait fort : il attendait Maurice de Guérin dans sa petite chambre en méditant sur cette satanée pluie qui venait glisser sur sa vitre, “Il a tant plu”.

Jules Barbey n’était pas grand monde en cet avril 1835, pas encore Sardanapale d’Aurevilly, ni le dandy de Valognes, ni Lord Anxious, ni le connétable des lettres ces surnoms un peu sulfureux qui lui viendront plus tard quand il sera devenu un personnage. Il avait vingt-six ans, bientôt vingt-sept, et il s’était

longtemps cru laid. Sa mère le lui avait dit, son miroir aussi. Mais depuis un été et deux hivers, Barbey pensait qu’avec sa taille de guêpe, ses gants jaunes, sa canne à pommeau d’argent, ses cheveux frisottés et sa moustache qui tendait à la forme guidon, il possédait une exquise originalité. Son reflet sur la vitre ne pouvait donc que le flatter. Jules lissa une dernière fois sa belle moustache puis, à regret, abandonna la belle image. Il retourna à sa table de travail où il ouvrit, indolent, le seul carnet posé là, il le feuilleta jusqu’à la dernière page : “Le caprice m’a pris ce soir d’écrire ici tous les accidents de cette journée ; en le faisant, peut-être énerverai-je la pensée que je ne puis dompter. Il faudra qu’à quelque jour j’écrive un mémorandum tout à fait régulier et suivi, et non pas des lambeaux grands comme les triangles de mes papillotes. J’ai remarqué qu’écrire me calme, me balaye.” Barbey pensa ajouter “Gris et froid” afin de caractériser ce jour ou son humeur, mais il hésita.

Vous pouvez retrouver les premières pages du livre à feuilleter en cliquant sur le lien ici.