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Le travail aujourd’hui

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Par Hector Girard (dir.) Claire Morrier, Thomas Clermont, Léonie Hemdat, Stéphane Venet

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Un ouvrage efficace et complet pour préparer l’épreuve de sociologie de l’agrégation externe de SES pour les années 2024, 2025 et 2026.

- des repères : un rappel des concepts et de leur histoire ;
- les grandes “thématiques”, indispensables à la compréhension des enjeux ;
- des outils méthodologiques : chronologie, glossaire, bibliographie ;
- un système de circulation entre les fiches et les références bibliographiques qui complètent l’index.

Fiche technique

Référence
480002
ISBN
9782384280025
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
12 cm
Nombre de pages :
280
Reliure :
broché

SOMMAIRE
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
REPÈRES
AUX ORIGINES DE LA SOCIOLOGIE DU TRAVAIL
• Encadré : Le travail chez les “classiques” • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
LES DÉBUTS DE LA SOCIOLOGIE DU TRAVAIL EN FRANCE APRÈS 1945 . . . 28
Les premières enquêtes de sociologie du travail
autour de Georges Friedmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Le Traité de sociologie du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Une autre sociologie du travail était possible . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
LA SOCIOLOGIE DU TRAVAIL ÉTATS-UNIENNE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
La naissance de la sociologie industrielle
et de la sociologie des professions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Everett Hughes et Anselm Strauss
ou l’anti-fonctionnalisme attentif aux interactions sociales . . . . . . . 37
Donald Roy et l’observation en usine
pour prendre le contre-pied de la sociologie industrielle . . . . . . . . . 39
LE RENOUVEAU DE LA SOCIOLOGIE DU TRAVAIL
EN FRANCE DANS LES ANNÉES 1990 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
L’étude des relations de service
et le retour de l’observation participante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Les émotions dans les relations de services . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Le “sens du travail” et la “fin du travail” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
COMMENT LES SOCIOLOGUES ÉTUDIENT-ILS LE TRAVAIL ?
“ARMER” L’ÉTUDE DU TRAVAIL PAR LES STATISTIQUES . . . . . . . . . . . . . . 50
Délimiter la population active . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Les femmes ont toujours travaillé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Documenter les conditions de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
LE TRAVAIL DISSÉQUÉ PAR LES ETHNOGRAPHES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Dégager des pistes pour “enquêter sur le travail” . . . . . . . . . . . . . . 60
Observer le travail en croisant ethnographie et histoire . . . . . . . . . . 64
Enquêter sur le travail à l’aide des documents d’entreprise . . . . . . . 67
QUELQUES PROLONGEMENTS RÉCENTS EN SOCIOLOGIE DU TRAVAIL . . . . 69
Prendre au sérieux les émotions dans l’analyse sociologique . . . . . 69
Prendre en compte le droit du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Vers une étude interdisciplinaire du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
LE TRAVAIL, UN OBJET SOCIOLOGIQUE PLURIEL
DÉFINIR LE TRAVAIL, UNE TENTATIVE PLEINE D’ÉCUEILS . . . . . . . . . . . . . 74
QUEL TYPE DE TRAVAILLEURS ÉTUDIER ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
QUELLE PLACE POUR LE TRAVAIL DANS L’ANALYSE DE L’ENTREPRISE ? . 77

THÈMES
QU’EST-CE QU’UN TRAVAIL AUJOURD’HUI ?
CHOISIR SON MÉTIER, L’EXERCER : UNE SOCIOLOGIE DES PROFESSIONS . 82
Socialisations au travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
• Le rôle de la famille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
• Le rôle de l’institution scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
L’approche durkheimienne : le rôle socialisateur de la profession . 88
• Apprentissage de normes et insertion dans un collectif . . . . . . . . . . . . . . 89
• Apprendre à gérer les injonctions contradictoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
• Le passage à travers le miroir :
la socialisation professionnelle comme socialisation de conversion . . . . 91
L’approche weberienne : la dimension excluante de la profession . 92
• Se définir comme professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
• Pour une approche relationnelle
de la construction des groupes professionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
• Des professionnalisations qui reposent sur
de multiples mécanismes d’invisibilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
SAISIR LE TRAVAIL PAR SES FRONTIÈRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Du travail domestique au travail gratuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
• Définir le travail domestique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
• Mesurer et évaluer le travail domestique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
• Le workfare, un travail bénévole mais contraint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
• Travail gratuit : en dehors ou au sein du marché du travail ? . . . . . . . . . 104
Travail à côté et hors travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
• Des loisirs au travail à côté : l’enquête fondatrice de Florence Weber . . 105
• Le travail à côté aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
• Le travail à côté : entre plaisir et contrainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Le travail du consommateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
SALARIAT, INDÉPENDANCE : LES FRONTIÈRES DE L’EMPLOI . . . . . . . . . . 110
Les mutations du salariat : du contrat court à l’indépendance . . . . 111
Choisir l’indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
• Le poids des expériences salariées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
• Une indépendance parfois source de frustration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Une frontière entre statuts à nuancer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
• Indépendant ou salarié :
des statuts qui se chevauchent au cours d’une carrière . . . . . . . . . . . . . . 115
• Le portage salarial ou l’hybridation du salariat et de l’indépendance . . 116

LE TRAVAIL EN MOUVEMENT.
MUTATIONS DU TRAVAIL, RECONFIGURATIONS DES FORMES D’EMPLOI
NUMÉRISATION DU TRAVAIL ET TRAVAIL DU NUMÉRIQUE. . . . . . . . . . . . 120
Ce que la numérisation fait au travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
• Numérisation et digitalisation du travail, de quoi parle-t-on ? . . . . . . . . 121
• La fin du travail humain ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
• Numérisation et intensification du travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
L’émergence de nouvelles formes d’emploi précarisées :
digital labor et capitalisme de plateforme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
• De la numérisation du travail au travail du numérique : le digital labor. 125
• Le capitalisme de plateforme : une remise en cause du droit du travail ? 126
• Les algorithmes comme nouveaux instruments de mise au travail. . . . . 127
Le télétravail au coeur d’une nouvelle articulation
entre les temps sociaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
• Télétravail et renforcement des inégalités professionnelles. . . . . . . . . . . 129
• Télétravail et affaiblissement des collectifs de travail. . . . . . . . . . . . . . . 130
• Des effets du télétravail qui débordent sur le travail domestique. . . . . . 131
PRÉCARISATION DE L’EMPLOI, PRÉCARISATION DU TRAVAIL . . . . . . . . . . 131
Les formes contemporaines de la précarité de l’emploi . . . . . . . . . 133
• Une hausse de la précarité de l’emploi à nuancer. . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
• Un élargissement de la condition précaire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
• Au-delà de l’instabilité et de la discontinuité, la précarité durable . . . . . 136
De la précarité de l’emploi à celle du travail. . . . . . . . . . . . . . . . . 138
• Pénibilité au travail et rationalisation de l’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
• Compression des coûts de production et intensification du travail . . . . . 139
Au croisement de la précarisation de l’emploi et du travail,
la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
• La révolution logistique. Travail du flux et précarisation du travail . . . 141
• Déterritorialisation et précarisation de l’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
LES TRANSFORMATIONS DES PRATIQUES MANAGÉRIALES . . . . . . . . . . . 144
(Re)mobiliser les salariés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
• Le lean management, entre reconfiguration et rémanence du taylorisme 145
• L’individualisation des rémunérations, un instrument de (re)mobilisation
des salariés ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Au coeur des nouveaux dispositifs de management,
le “nouvel esprit du capitalisme” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
• Les formes contemporaines du “nouvel esprit du capitalisme” . . . . . . . 148
• Coachs et planneurs : les travailleurs du “nouvel esprit du capitalisme” 149
• Le management par les valeurs,
un déplacement des frontières du “nouvel esprit du capitalisme” ? . . . . 151
Ce que les nouveaux dispositifs de management font au travail :
l’exemple du New Public Management . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
• Le New Public Management,
déclin des professions ou recomposition du professionnalisme ? . . . . . 152
• Nouvelle gestion publique et rapport au travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

TRAVAIL ET RAPPORTS SOCIAUX
ÉTUDIER LES STRATIFICATIONS SOCIALES À PARTIR DU TRAVAIL . . . . . . 156
La “question sociale” saisie par l’étude des conditions de travail . 156
• Le travail : un révélateur des inégalités ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
• Le travail au coeur de la définition des classes sociales . . . . . . . . . . . . . 159
Le travail : un outil pour penser la production
et l’articulation des rapports sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
• Conceptualiser et pluraliser les rapports sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
• L’intersectionnalité au travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
TRAVAIL ET HIÉRARCHIES SOCIALES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
La profession : un élément déterminant de la position sociale . . . 165
• Les classes populaires : des “salariés subalternes” . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
• Des classes moyennes éloignées de la pénibilité et de la précarité ? . . . 170
• Faire partie des classes supérieures :
détenir des capitaux mais aussi du pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
• La nébuleuse des indépendants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
Le travail :
une scène centrale de la reproduction de l’ordre du genre . . . . . . . 175
• Travail domestique et inégalités professionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
• Organisations professionnelles et reproduction de l’ordre du genre . . . . 179
• Un effritement des rapports de genre au travail ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
Structures du travail et hiérarchies raciales . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
• Être racisé : une plus grande vulnérabilité sur le marché du travail . . . . 185
• Division du travail et racialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
LE TRAVAIL : UNE FENÊTRE POUR METTRE EN LUMIÈRE
DE NOUVEAUX RAPPORTS SOCIAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Les générations et les âges au travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
• Un conflit des générations sur le marché du travail ? . . . . . . . . . . . . . . . 191
• Comment le travail construit les frontières des groupes d’âge . . . . . . . . 193
Intégrer le handicap dans l’étude des rapports sociaux au travail . 196
• Les personnes en situation de handicap face à l’emploi . . . . . . . . . . . . . 196
• Subir la domination de genre et de classe
rend plus vulnérable au handicap . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198

LE TRAVAIL VU D’EN BAS.
LE VÉCU CORPOREL ET SUBJECTIF DU TRAVAIL PAR LES TRAVAILLEURS
LA SANTÉ DES TRAVAILLEURS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
Les corps à l’ouvrage : reconnaissances inégales . . . . . . . . . . . . . . 203
• Corps au travail, travail du corps :
nouveaux regards sur les corporéités professionnelles . . . . . . . . . . . . . . 203
• Ce que le travail fait à la santé : une préoccupation ouvrière ? . . . . . . . 206
• Le genre, masque des risques et des pénibilités au travail . . . . . . . . . . . 209
• L’influence des conditions de santé sur le travail
selon le milieu professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
Nouveaux enjeux psychiques de l’activité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
• Les formes contemporaines de la violence au travail . . . . . . . . . . . . . . . 213
• Stress, souffrance, harcèlement au travail… des notions heuristiques ? . 217
• Les enjeux psychiques de l’informatisation et la digitalisation . . . . . . . 219
• Nouvelles perspectives sociologiques : le travail depuis les émotions . . 221
LE TRAVAIL REND-IL HEUREUX ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
Mesurer les (in)satisfactions des travailleurs en sociologue . . . . . 224
Observer le plaisir depuis les pratiques informelles en ethnographe 226
• Les “jeux” au travail : les précurseurs de la sociologie à l’usine . . . . . . 226
• Plaisirs et loisirs au travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
Construction, incorporation et coût de la vocation . . . . . . . . . . . . . 230
• Le coût de la passion chez les monitrices équestres . . . . . . . . . . . . . . . . 230
• La construction de la vocation religieuse chez les prêtres . . . . . . . . . . . 231
• Les crises de vocation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
LE SENS DU TRAVAIL AUJOURD’HUI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
Qu’est-ce qu’un travail sensé ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
• C’est un travail technique : enquêter sur le travail en train de se faire . 233
• Les valorisations internes du travail dépendent
des cultures professionnelles :
l’exemple de l’éthique en acte dans la réanimation néonatale . . . . . . . . 235
• “La technique aux hommes” et “le relationnel aux femmes” ;
mais encore ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
Où va le travail humain ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
• Le “sens du service public” n’a pas disparu :
retours sur les pratiques des agents de la Poste, de la Caf et du dépistage 239
• Pénibilités, perte de sens, “crise” du travail :
à rebours des discours, des approches optimistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
OUTILS
BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .247
GLOSSAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .271
INDEX ANALYTIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .278

Hector Girard est ancien élève de l’ENS et agrégé de SES.

Claire Morrier est ancienne élève de l’ENS et agrégée de SES.

Thomas Clermont est ancien élève de l’ENS et agrégé de SES.

Léonie Hemdat est ancienne élève de l’ENS et doctorante en sociologie du travail au LISE.

Stéphane Venet est doctorant en économie et professeur agrégé de SES.

Les deux sujets les plus marquants de l’actualité politique française
du début des années 2020 – la pandémie de Covid-19 et le projet de
réforme des retraites de 2023 – ont joué chacun un rôle central dans la
(re)mise à l’agenda politique et médiatique des conditions de travail
[PALIER, 2023]. La crise sanitaire a révélé deux grandes fractures,
entre d’une part les travailleurs pouvant se protéger du risque d’être
contaminés en exerçant leur métier à distance et ceux contraints
d’exercer leur activité à l’extérieur de leur domicile ; d’autre part en
mettant en évidence un corps de métiers dits “essentiels” (principalement
les services régaliens, les métiers du care* et les services logistiques
et de distribution), dont l’activité, souvent mal rémunérée,
s’est pourtant avérée nécessaire au fonctionnement de l’économie et de
la société. Dans un autre registre, les débats autour du projet d’allongement
de l’âge de départ à la retraite ont souligné à quel point l’éventualité
de devoir travailler plus longtemps constituait pour la plupart des
Français un horizon difficilement envisageable. En 2019, ce sont ainsi,
selon la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des
Statistiques (DARES), 37 % des actifs occupés qui ne se sentaient pas
capables de tenir dans leur emploi jusqu’à la retraite, considérant que
leur travail n’est pas “soutenable”. Ce constat touche non seulement
les ouvriers (pour 39 % d’entre eux), mais aussi les cadres (32 %
d’entre eux). Cette difficulté à accepter un prolongement des carrières
professionnelles apparaît symptomatique d’un processus de dégradation
des conditions de travail qu’il est possible de faire débuter au début des
années 1980, au moment où les préceptes du lean-management*
(ou toyotisme) commencent à se diffuser en France, et avec eux un
contrôle accru sur l’activité des travailleurs via des indicateurs de performance.
Elle s’inscrit plus largement dans un ensemble de mutations
ayant transformé les mondes du travail depuis une cinquantaine
d’années, qui sont l’objet de cet ouvrage.
À maints égards, les mondes du travail ont en effet profondément
changé de morphologie depuis le milieu du XXe siècle. Si, au début des
années 1960, la France est en situation de plein-emploi avec pour modèle

dominant une main-d’oeuvre ouvrière et masculine travaillant dans de
grandes entreprises industrielles sous régime taylorien, le marché du
travail s’est depuis fortement féminisé (si “les femmes ont toujours
travaillé” [SCHWEITZER, 2002], elles représentaient seulement un tiers de
la population active dans les années 1960 contre 49 % aujourd’hui)
et tertiarisé (80 % des personnes employées travaillent dans le secteur
tertiaire aujourd’hui contre 47 % en 1960). Dans le même temps,
les mondes du travail se sont progressivement précarisés à partir de 1974
et des suites du premier choc pétrolier. L’envolée du chômage
(qui concernait moins de 2 % des actifs jusqu’au milieu des
années 1960), la multiplication des contrats courts et l’essor de statuts
hybrides entre le salariat et le non-salariat sont les principaux
symptômes de cette précarisation*. Si l’on y ajoute des durées et rythmes
de travail moins uniformes, c’est l’image d’un emploi “éclaté”
[MARCHAND et MINNI, 2019] qui prédomine aujourd’hui. De surcroît,
ces transformations ont été amplifiées par les deux révolutions qu’ont
constituées la mondialisation et le développement et la diffusion des
technologies de l’information et de la communication (TIC). La mondialisation
a conduit à une restructuration profonde des appareils productifs,
à des délocalisations en chaîne et à une flexibilisation accrue de
l’emploi. Le développement des nouvelles technologies a, lui, accéléré
la tertiarisation* en “déportant une partie des emplois vers des tâches de
conception ou de maintenance et de surveillance” [Ibid., p. 8].
Conjugués, ces deux phénomènes ont finalement abouti à une polarisation
accrue du marché du travail au sein duquel cohabitent emplois très
qualifiés et emplois de service peu qualifiés, ainsi qu’à des exigences
accrues en termes de productivité se reportant sur les conditions de
travail des travailleurs. Les frontières du travail et de l’emploi semblent
aujourd’hui elles-mêmes plus incertaines, comme en témoigne la montée
en puissance du télétravail, accélérée par la pandémie de Covid-19,
qui a brouillé encore davantage la distinction entre sphère professionnelle
et sphère privée.