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Les solidarités

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Par Anne Bazin, Anne Bidois et Marion Charpenel (dir.)

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France met. & monde : 3€ jusqu'à 25€, 6€ jusqu'à 50€, 9€ jusqu'à 100€, 12€ au-delà 100€ DOM-TOM : 8€

Traitant d’un des deux thèmes au concours commun d'entrée 2025 et 2026 des Instituts d'Études Politiques de province, cet ouvrage réunit des spécialistes des questions contemporaines pour offrir un outil extrêmement pratique et intelligent à des élèves peu habitués à présenter des concours.

Une pensée et un objet agréables à manier.  

L’ouvrage est structuré en trois parties :

   - Repères : découvrir et comprendre l'esprit, les épreuves du concours et les attentes du jury.

   - Thèmes : chaque thème est traité sous ses aspects historiques, politiques, sociologiques, géographiques, économiques mais aussi culturels (littérature, cinéma, histoire de l'art, etc.) ainsi que philosophiques.

   - Outils : les notions, les acteurs, les dates, les auteurs et les citations à retenir.

Fiche technique

Référence
480020
ISBN
9782384280209
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
12 cm
Nombre de pages :
222
Reliure :
broché

SOMMAIRE
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
QUELQUES CONSEILS MÉTHODOLOGIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15


GENÈSE ET ACTUALITÉS DE L’ÉTAT SOCIAL
1. L’HISTOIRE DE LA PROTECTION SOCIALE EN F RANCE . . . . . . . . . . . . . . . 27
2. PROTECTION SOCIALE : LES MODÈLES NATIONAUX DE SOLIDARITÉ . . . . . 35
3. L’ASSURANCE CHÔMAGE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
4. SERVICES PUBLICS ET SOLIDARITÉS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49
5. LA PHILANTHROPIE AUJOURD’HUI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57


SOLIDARITÉS ET MOUVEMENTS SOCIAUX ET POLITIQUES
6. LES SOLIDARITÉS EN HISTOIRE POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
7. SOLIDARITÉS ET MOUVEMENTS SOCIAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
8. SOLIDARITÉS ET FÉMINISMES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  77


SOLIDARITÉS ET MODES DE VIE
9. SOLIDARITÉS FAMILIALES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
10. SOLIDARITÉS RELIGIEUSES ET COMMUNAUTAIRES . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
11. SOLIDARITÉS LOCALES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
12. SOLIDARITÉS NUMÉRIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105


SOLIDARITÉ ET TRAVAIL
13. SOCIÉTÉ SALARIALE ET LIENS SOCIAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
14. LES FORMES DE SOLIDARITÉ DANS LE MONDE DU TRAVAIL . . . . . . . . . 119
15. S OLIDARITÉS ET SYNDICALISME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
16. D ÉLITEMENT DU SALARIAT ET MISE À L’ÉPREUVE DES SOLIDARITÉS . . 131
17. L’ÉCONOMIE S OCIALE ET S OLIDAIRE (ESS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

SOLIDARITÉ TRANSNATIONALE, NATIONALE
ET INTERNATIONALE
18. SOLIDARITÉ NATIONALE ET NATIONALISME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
19. SOLIDARITÉ ET INTÉGRATION EUROPÉENNE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
20. LES O RGANISATIONS DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALES (OSI) . . . . . 157
21. SOLIDARITÉS ET CLIMAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
22. SOLIDARITÉS EN SITUATIONS EXTRÊMES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
23. SOLIDARITÉS EN MIGRATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177


ÉVOLUTIONS DE LA NOTION
24. PHILANTHROPIE , MUTUALISME , SOLIDARISME . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
25. DURKHEIM ET LES FORMES ÉLÉMENTAIRES DE LA SOLIDARITÉ . . . . . . 195
SÉLECTION BIBLIOGRAPHIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
GLOSSAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205

Anne Bazin, diplômée de Sciences Po Paris, est maîtresse de conférences en science politique à Sciences Po Lille, chercheuse au CERAPS- CNRS.

Anne Bidois est maîtresse de conférences HDR en sociologie à l’uni- versité de Rouen Normandie, directrice du Dysolab et chercheuse associée au EST Paris-Saclay.

Marion Charpenel, diplômée de Sciences Po Paris, est maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Rouen Normandie, chercheuse au Dysolab.

Yaëlle Amsellem-Mainguy est chargée de recherche à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, associée au CERLIS et à l’INED.

Sylvain Antichan est maître de conférences en science politique à l’uni- versité de Rouen Normandie, chercheur au CUREJ.

Sophie Bernard est professeure des universités en sociologie à l’Université Paris Dauphine et chercheuse à l’IRISSO.

Sophie Béroud, diplômée de Sciences Po Paris, est professeure des universités en science politique à l’Université Lyon 2 et chercheuse au laboratoire Triangle.

Pauline Brücker, diplômée de Sciences Po Paris, est maîtresse de confé- rences en science politique à l’université de Rouen Normandie, chercheuse au CUREJ.

Caroline Clair, diplômée de Sciences Po Grenoble et doctorante en sociologie à l’université de Lille (CERAPS), est PRAG en sciences économiques et sociales à Sciences Po Lille.

Lancelot Claret-Trentelivres, ancien élève de l’ENS Lyon et diplômé de Sciences Po Lyon, est doctorant en anthropologie à l’EPHE, membre du Groupe Sociétés Religions Laïcités (GSRL) et chercheur associé au Dysolab.

David Delfolie, diplômé de Sciences Po Lille, est enseignant-chercheur à Sciences Po Lille, codirecteur du l’Institut Pondok Perancis (Kuala Lumpur) et chercheur associé à l’IRASEC-CNRS (Bangkok).

Nicolas Duvoux est professeur des universités en sociologie à l’Université Paris 8 et chercheur au CRESPPA.

Clémence Fourton, ancienne élève de l’ENS Lyon et agrégée d’anglais, est maîtresse de conférences en études anglophones à Sciences Po Lille et chercheuse au CECILLE.

Johan Giry, ancien étudiant de Sciences Po de Strasbourg, est rattaché au laboratoire SAGE à l’université de Strasbourg. Il est actuellement en poste à Nantes Université.

Mathieu Grégoire est professeur de sociologie à l’université Paris Nanterre et chercheur à l’IDHES.

Marylou Hamm, titulaire d’un doctorat en science politique de l’Université Libre de Bruxelles et de Sciences Po de Strasbourg, est actuellement Max Weber Fellow à l’Institut Universitaire de Florence.

Samuel Hayat, diplômé de Sciences Po Paris, est chargé de recherche en science politique au CNRS (CEVIPOF). I

Léo Joubert est maître de conférences en sociologie à l’Université de Rouen Normandie, chercheur au Dysolab et chercheur associé au LEST.

Cécile Jouhanneau, diplômée de Sciences Po Paris, est maîtresse de conférence en science politique à l’Université Paul Valéry de Montpellier et chercheuse au ART-Dev.

Delphine Pouchain, diplômée de Sciences Po Lille, est maîtresse de conférences en économie à Sciences Po Lille et chercheuse au CLERSE.

Lucile Ruault, diplômée de Sciences Po Lille, est chargée de recherche en sociologie au CNRS (CERMES3).

Antonin Thyrard, diplômé de Sciences Po Paris, est maître de confé- rences en science politique à l’Université Paris 13 et chercheur associé au CEMS.

Nadège Vezinat est professeure des universités en sociologie à l’uni- versité Paris 8 Vincennes Saint-Denis, chercheuse au CRESPPA – Équipe Genre, Travail et Mobilités. 

Élise Palomares est professeure des universités en sociologie à l’uni- versité de Rouen, chercheuse au Dysolab et affiliée à l’IC Migrations.

SOLIDARITÉS ET FÉMINISMES

La solidarité est-elle inhérente au militantisme féministe ?

Quand on évoque des mouvements féministes, on se les représente volontiers comme des lieux de sollicitude et de solidarité entre femmes. Cela vient d’une idée ancienne selon laquelle les femmes, en raison de leurs qualités supposées naturelles, seraient plus enclines à aider les autres – cette idée reçue étant renforcée par leur surreprésentation historique dans les mouvements de charité. En fait, cette fameuse inclination à l’empathie renvoie aux résultats de la socialisation de genre, au cours de laquelle les femmes incorporent des rôles de pourvoyeuses de soins et d’entretien des corps, des normes de dévouement et de souci des autres. Le féminisme se borne-t-il à réactiver ces dispositions genrées ? Le care est-il au contraire repoussoir pour les militantes qui chercheraient à s’affranchir des assignations? Dans quelle mesure la solidarité entre femmes contribue-t-elle à forger une conscience contestataire ?

UNE ENTRAIDE AU FÉMININ ?

Longtemps tenues éloignées des espaces militants, les femmes ont, une fois admises, souvent été cantonnées à des positions subalternes, qui redoublaient leur assignation à la sphère privée et au travail reproductif. Ainsi, dans la France des années 1930, alors que le mouvement ouvrier cherche à amplifier le recrutement parmi les femmes, la création de struc- tures d’inspiration catholique ou communiste (telles que la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine ou l’Union des jeunes filles de France déploie une séparation hiérarchisée des tâches, indissociable d’attentes normatives genrées : solidarité et famille ordonnent ce modèle d’engagement en non-mixité. Les terrains d’action vers lesquels les femmes sont orientées sont, d’une part, le soutien au militantisme du mari et aux grèves et, d’autre part, dans une optique de complémentarité avec le monde du travail salarié, la transformation des conditions de vie quotidienne et l’entraide par le militantisme de quartier (logement et appareils ménagers, prestations familiales, santé, fêtes de l’enfance, etc.). Leur sollicitude est ainsi assimilée à la morale féminine, à ce titre ni visible ni reconnue, mais bel et bien mobilisée pour la promotion de la classe ouvrière

Plus récemment, différentes recherches menées sur des organisa- tions de quartiers populaires, notamment en Amérique latine, attestent l’ importance persistante des réseaux d’ entraide entre femmes, qui s’impliquent dans des tâches associées aux rôles féminins de service et de solidarité (accès à l’eau, collecte des déchets, titres de propriété des logements, etc.). On pourrait ainsi multiplier les exemples de regroupements de femmes et d’appropriation collective de leur travail de care pour servir des objectifs autres que la défense des intérêts des femmes.

Il n’en reste pas moins que ces collectifs féminins d’entraide peuvent se révéler être un terreau favorable à l’émergence d’un sujet politique femmes. Outre l’engagement hors de l’espace domestique qui entre en tension avec leurs rôles de mère et d’épouse, les actions soudent les militantes en tant que femmes (c’ est-à-dire membres d’ un groupe dominé), et non plus seulement femmes de la classe ouvrière ou d’ ouvriers. Du reste, les recherches d’ A nnie Borzeix et Margaret Maruani ou de Fanny Gallot et Ève Meuret-Campfort sur les espaces de sociabilités construits entre ouvrières dans des usines de confection (respectivement du Pas-de-Calais et de la région nantaise) dans les années 1968 montrent que l’expérience des solidarités et de la cohésion génère de nouveaux apprentissages défiant les contraintes de genre et aide les femmes à s’affirmer, tout autant à l’échelle individuelle qu’en termes d’identité collective d’ouvrières en lutte.

Cependant, le travail de tissage des liens affectifs – accompli sur un mode informel à partir des réseaux communautaires et de parenté –, qui est fondateur pour tant de mobilisations protestataires, n’assure pas forcément un alignement d’intérêts entre militantes. Autrement dit, les collectifs féministes, aussi soucieux soient-ils d’entretenir l’attention à autrui et de tenir à distance le modèle d’engagement et de leadership masculin, ne se montrent pas nécessairement solidaires avec le dévelop- pement d’autres causes. Ainsi, aux États-Unis dans les années 1970, les Black feminists pointent le caractère homogénéisant et excluant d’idéaux du Women’s Liberation Movement (sur le marché du travail émancipateur ou sur la maternité aliénante) forgés à l’aune des vécus de femmes blanches, hétérosexuelles, de classes aisées. Alors que le célèbre livre de Robin Morgan clame Sisterhood is powerful, des militantes racisées critiquent ce principe de sororité des féministes dominantes; les écrits de bell hooks mettent en exergue la pluralité de l’expérience du sexisme sous l’effet combiné des rapports de pouvoir (race, classe, sexualité, âge, etc.). Enfin, des sociologues comme Francesca Polletta (sur les États-Unis) ou Lucile Quéré (Europe francophone) ont développé une lecture désenchantée des structures alternatives du mouvement féministe en ce sens que le poids de l’intimité amicale peut, après plusieurs années, étouffer les débats idéologiques, dissimuler les relations hiérarchiques et produire de la conformité. Le genre du réper- toire d’action et de revendication, en particulier la place éminente du care, ne préjuge donc pas des rapports de domination à l’œuvre au sein même de groupes féministes. L’indifférence des militantes du groupe majoritaire à l’égard des oppressions simultanées vécues par d’autres, alors mêmes qu’elles prônent dans le même temps un principe universel de solidarité, motive ici et ailleurs le séparatisme, organisationnel ou ponctuel, des féministes chicanas, afro-américaines, ou encore lesbiennes.