Réussir pour revivre : jeunes rescapés de la Shoah
par Françoise Ouzan
France met. & monde : 3€ jusqu'à 25€, 6€ jusqu'à 50€, 9€ jusqu'à 100€, 12€ au-delà 100€ DOM-TOM : 8€
À travers une série de parcours individuels en France, aux États-Unis et en Israël, l'auteur démontre comment de jeunes survivants de la Shoah ont transformé leur détresse en énergie constructive, comment ils ont créé ou innové socialement. Au-delà de la variété des parcours de personnalités comme Simone Veil, Elie Wiesel, Serge Klarsfeld, Boris Cyrulnik, Georges Perec, Samuel Pisar ou Aharon Appelfeld, l'ouvrage analyse le rôle d'un climat démocratique, l'effet intégrateur de l'armée ou le poids de l'esprit pionnier.
L’ouvrage est une enquête sur l’étonnant paradoxe d’une « génération distante » qui, bien qu’abîmée par les épreuves, s’est avérée renforcée par la destruction.
Cette étude comparative, qualitative et multidisciplinaire s’appuie sur une quarantaine d’entretiens conduits par l’auteur, deux cent cinquante témoignages d’histoire orale et de nombreux témoignages écrits.
L’historienne Françoise Ouzan croise ces récits de vie avec comme objectif d’en extraire les constantes : adaptabilité, réappropriation identitaire, énergie, courage, résilience, réussite affective, conscience de groupe, capacité à prendre du recul et à conférer un sens à sa vie. Elle démontre comment, dans chaque environnement culturel, les rescapés des camps de concentration, partisans, personnes déplacées ou enfants cachés, ont pu restaurer leur dignité et mettre en œuvre leur besoin de réussir dans leurs engagements sociétaux, comme si leur survie en dépendait.
Fiche technique
- Référence
- 460808
- ISBN
- 9782350308081
- Hauteur :
- 21 cm
- Largeur :
- 15 cm
- Nombre de pages :
- 348
- Reliure :
- broché
Préface 17
Introduction 19
Sortir de l’humiliation 19Note sur la méthode et l’agencement 29
Chapitre I. Reprendre une place dans la société
Les définitions et leur évolution 36
Distinctions au sein du groupe hétérogène des rescapés 37
Refuser l’identité de rescapé 52
Chapitre II. France : se reconstruire après Auschwitz
Le “retour” des déportés 61
Changer son nom : supprimer la judéité ? 62
Le martyre méconnu des déportés et résistants juifs 63
Qui est Juif ? 64
Pratique religieuse et éducation juive dans la France d’après-guerre 65
Anciens enfants de Buchenwald 67
Izio Rosenman : De la Pologne au CNRS à Paris 69
Charles et Jacques Finkel : Du shtetl au cœur de Paris 74
Reconstruire et réussir sa vie en France après Auschwitz 79
Simone Veil : Des cendres d’Auschwitz à la glorieuse Académie française 80
Jo Wajsblat : De la chambre à gaz au champ de bataille israélien 87
Elie Buzyn : d’Auschwitz aux hôpitaux parisiens en passant
par Eretz Israël et l’Algérie française 103
Chapitre III. La réussite professionnelle
des enfants cachés en France
Les enfants cachés 107
Du silence à la résilience : Boris Cyrulnik 108
Surmonter un traumatisme par la virtuosité : Georges Perec 115
De l’invisibilité aux feux des projecteurs : André Glucksmann 120
Un orphelin devenu “chasseur de nazis” : Serge Klarsfeld 123
CHAPITRE IV. États-Unis : renouer avec la vie
George Topas : Des camps de la mort au corps militaire
de contre-espionnage 134
Tibor Rubin : une victime devenue héros 137
Tom Lantos : seul survivant au Congrès américain 142
Miles Lerman : Partisan, fermier et homme d’affaires 146
CHAPITRE V. Une vie nouvelle pour les enfants cachés
Paula Neuman Gris : cachée dans un camp de travaux forcés 156
Fanya Gottesfeld Heller : De la clandestinité à la notoriété 161
Nechama Tec : une enfance perdue, une revanche à l’âge adulte 163
Abraham Foxman : une mission de toute une vie 168
Manfred Mayer : d’un camp d’internement à la recherche spatiale 172
Chapitre VI. Israël : “Construire et être construit”
Menahem Perlmutter : d’Auschwitz au désert du Negev 188
Noah Klieger : D’Auschwitz au journalisme international 194
Binem Wrzonski : De Buchenwald à la Terre Promise 198
Israel Meir Lau : retrouver sa place
dans la chaîne ininterrompue de rabbins 202
Israël Gutman : Combattant du Ghetto et Historien 205
Margot Cohn : de la Résistance en France à l’université hébraïque 208
Robert Finaly : du monde chrétien à Israël 212
Chapitre VII. Identité juive : Entre Israël et la diaspora
Pavel devient Saul Friedländer, un historien renommé 222
Zeev Sternhell : sioniste, politologue et historien 227
Saul Oren-Hornfeld : une victime des médecins nazis
et un ingénieur brillant 232
Yosef Gorny : DP et vétéran du mouvement sioniste 237
Danielle Bailly : Universitaire et féministe 241
Chapitre VIII. Des réussites au-delà des frontières
Samuel Pisar : des camps des nazis à la scène internationale 252
Elie Wiesel : de Buchenwald au Prix Nobel 264
Aharon Appelfeld : des forêts à la renommée 272
Chapitre IX. Le défi de la transmission
Le choix des témoins et leur capacité à se distancier du cataclysme nazi 284
Le rôle des émotions dans la compréhension du comportement du rescapé 287
Israël, lieu par excellence de la reconstruction 288
Récits rédempteurs 294
Pour ne pas succomber à la douleur 297
Par-delà l’intégration : une influence sociale,
nationale et / ou internationale 299
Intériorisation des conseils parentaux et tradition juive 301
L’universel et le particulier 304
Bibliographie 309
Archives et abréviations 325
Notes 327
Françoise Ouzan est directrice de recherches au Goldstein-Goren Diaspora Research Center de l'université de Tel Aviv. Historienne, elle a consacré plusieurs ouvrages à la Deuxième Guerre mondiale et à l'après-guerre. Ses titres comprennent : Ces Juifs dont l’Amérique ne voulait pas, 1945-1950 ; Histoire des Américains juifs, Demain, nous partons, How Young Holocaust Survivors Rebuilt Their Lives. Elle a codirigé De la mémoire de la Shoah dans le monde juif, Holocaust Survivors : Resettlement, Memories, Identities, et Postwar Jewish Displacement and Rebirth.
Afin de recommencer une nouvelle vie en France, de nombreux réfugiés ne déclarèrent pas leur identité de déporté ou d’enfant caché. Élève puis étudiant, Izio Rosenman, originaire de Demblin en Pologne, ne cacha jamais le fait qu’il était juif, mais il ne mentionna jamais non plus qu’il était un rescapé de Buchenwald. Ce ne fut que lorsqu’il approcha des quatre-vingts ans qu’il commença à parler en public de ses expériences traumatisantes en tant qu’enfant. Il reconnut que le fait d’avoir étudié et d’avoir réussi l’aida à surmonter le traumatisme. Élie (Lolek) Buzyn, lui aussi originaire de Pologne, et l’un des amis de Buchenwald qu’Izio rencontrait au moins une fois par an à Paris, avait fait retirer son numéro tatoué par une intervention chirurgicale afin de ne pas attirer l’attention lorsque, en tant que chirurgien, il relevait ses manches. Lui aussi attendit d’avoir près de quatre-vingts ans pour évoquer ses douloureux souvenirs devant divers auditoires afin de transmettre la mémoire du génocide des Juifs. La chanteuse Régine, qui fut contrainte de se cacher dans plusieurs endroits, non seulement supprima son nom de jeune fille, mais attendit quarante ans pour publier ses mémoires et parler de son passé d’enfant caché. Le philosophe français André Glucksmann révéla seulement dernièrement qu’il avait été un enfant caché. Il écrivit une autobiographie empreinte d’humour en 2006. Le psychiatre Boris Cyrulnik révéla un peu plus de lui-même chaque fois qu’il écrivit un livre personnel, alors que dans sa jeunesse, il refusa de rendre public son traumatisme lié à des souvenirs d’humiliation. Pour un lecteur français, ces livres présentent des révélations personnelles sur la façon dont des jeunes gens, auparavant
indésirables, ont réussi à exercer une influence culturelle dans une société qui n’avait pas de place pour eux.
Comme c’est le cas pour les États-Unis et la France, en Israël, les rescapés ont activement participé à la mémoire et aux archives de la Shoah dès qu’ils ont posé le pied dans le pays. Dans quelle mesure les yeux des rescapés étaient-ils tournés vers l’État naissant ? L’identification avec le nouvel État fut-elle à l’origine de la force intérieure dont ils firent preuve non seulement en Israël, mais également dans la diaspora ? Dans quelle mesure la reconstruction de la vie des rescapés dépendit-elle de la façon dont chaque culture appréhende un traumatisme ?
Retrouvez l'nterview de Françoise Ouzan, sur i24News en cliquant ici.
Retrouvez l'article entier d'Agnès Bensimon paru le 3 mars 2023 sur Yedia en cliquant ici. En voici un extrait : « Tu choisiras la vie » nous enjoint la parole divine. Comment les milliers d’enfants rescapés des camps rendus à la liberté en 1945 ont-ils renoué avec la vie, recouvré une identité, réussi dans leur profession, créé une famille ? Ces questions sont au cœur de la prodigieuse étude de l’historienne Françoise Ouzan, Réussir pour revivre, jeunes rescapés de la Shoah. À travers les récits saisissants recueillis auprès d’une quarantaine d’anciens enfants vivant en France, aux États-Unis ou en Israël, parvenus à transformer leurs terribles traumatismes en une énergie vitale et constructive, l’auteure renouvelle la perception commune des survivants juifs comme éternelles victimes. Pour survivre, cette génération cruellement éprouvée s’est renforcée du fait de la destruction, laquelle les a souvent aidés à prendre leurs principales décisions dans la vie, selon leurs dires. L’étude livre des témoignages d’une force incroyable : « Je voulais “survivre aux années de survie”, “refuser l’identité de rescapé”, “refuser l’identité de victime”, “sortir de l’humiliation” ». Des phrases percutantes, énoncées au fil d’entretiens qui expriment le besoin de retrouver une dignité afin d’effacer l’impact de l’humiliation par le biais de la réussite sociale. En un mot : multiplier les réussites pour regagner l’estime de soi et être reconnu par la société. »
Retrouvez l'article entier de David Geffen sur The Jerusalem Report en cliquant ici.
Retrouvez l'article entier de Ghis Korman sur The Times of Israel en cliquant ici
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